En 2024, la nageuse Marie Wattel vivra ses 3es olympiades. Après Rio en 2016 et Tokyo en 2021, elle arrive à Paris plus sereine et confiante, avec comme objectif une médaille. Depuis un an, la Lilloise de naissance a pris ses quartiers à Marseille avec la mer comme source d’inspiration.
Si elle dessinait sur une carte la géographie de son périple de vie depuis sa naissance, Marie aurait un drôle de dessein : originaire de Lille, elle s’envole vers l’île Maurice, pour revenir au bord du lac d’Annecy, partir ensuite vers les plages de Nice avant d’aller goûter la “famous” cuisine anglaise du côté de Loughborough, et enfin poser ses valises sur les rives méditerranéennes.
Le déclic à 15 ans
Un tracé croisé avec son évolution professionnelle. Après ses débuts dans l’océan indien, elle connait ses premières performances en Savoie et choisit sa catégorie de prédilection : le “papillon”. C’est à Nice en 2012 qu’elle fait sa mue en intégrant ce qui est considéré à l’époque comme l’un des meilleurs clubs au monde, où elle côtoie la toute récente triple médaillée des Jeux de Londres, Camille Muffat. “J’ai eu le déclic à 15 ans, lorsque je me suis qualifiée pour mes premiers championnats du monde. Je me suis dit qu’il y avait quelque chose à faire”.
En 2016, les Jeux olympiques de Rio sont une déception. Mais cet échec va lui apprendre une chose : plus que contre ses adversaires, Marie doit se battre contre elle et son stress.
“À Rio, j’étais tétanisée sur le plot de départ. Il fallait que je me sorte de cette spirale négative dans laquelle j’étais depuis 4 ans et qui m’empêchait d’être moi-même”.
L’Angleterre, un exil salutaire
Elle prend alors attache auprès d’un préparateur mental, identifie ses peurs et commence un véritable travail sur elle. Et pour ne pas faire les choses à moitié, Marie s’exile dans le centre de l’Angleterre à Loughborough. “Il me fallait un gros défi, un véritable électrochoc. Je n’avais plus rien à perdre”. Elle intègre le meilleur campus sportif du pays et suit en parallèle des études supérieures en sport management.
Et ça marche.
2019 : elle décroche une médaille de bronze aux championnats du monde en Corée du sud. 2020 et 2021 : c’est la consécration avec le titre de championne d’Europe sur 100 mètres papillon. Les JO de Tokyo viendront confirmer son ascension. “J’ai abordé ces Jeux sereinement avec une bonne préparation physique et mentale. Je savais qu’il ne fallait pas que je me plante car c’était ma revanche. Je suis fière de ce que j’ai accompli”.
Elle battra son record de France sur 100 m papillon et terminera sixième en finale.
Un rêve encore plus grand
Le confinement lui fait redonner goût à la cuisine française, et après un stage de 3 mois à Marseille, elle décide en 2021 de venir préparer le challenge des JO 2024 dans la cité phocéenne. “Ça m’a plu d’être ici et après Tokyo, je me suis dit c’est là que je veux aller. Et je savais que mon nouvel entraîneur Julien Jacquier pouvait m’emmener encore plus haut que ce que j’avais déjà atteint”. Il lui reste 15 mois pour réaliser un rêve encore plus grand. “Mon ambition est d’aller chercher une médaille et pourquoi pas le titre. Je suis loin d’être favorite mais depuis 2013 chaque année je progresse. Alors pourquoi pas. Je travaille pour ça”.
Si elle garde la boule au ventre à la pensée de nager une finale devant 20 000 personnes, Marie évolue aujourd’hui dans une ambiance sereine. “Contrairement à Tokyo, je n’ai plus besoin de me prouver quelque chose. J’aime bien cette phrase qui dit que ce qui est important ce n’est pas la destination, c’est le voyage”.
Si sa vie n’est pas toute tracée, Marie continue son chemin qui pourrait la mener tout droit vers son rêve.